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Aéroclub de la Haute-Saône
2500
Route de l'aérodrome - 70000 FROTEY-LES-VESOUL
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Pour coller à la définition et comprendre l’idée de « motion décarbonée », il faut comprendre que pour un avion électrique, les électrons emprisonnés dans deux batteries s’agitent, et le Vélis silencieusement se meut !
Mi-Avril, l’aéroclub a eu la chance de voir se
poser à Vesoul l’unique modèle d’avion à
propulsion 100% électrique, le Vélis électro,
produit par l’entreprise Pipistrel. Il était de
passage dans notre région pour être présenté et
faire voler quelques jeunes des escadrilles air
jeunesse qui étaient en période de formation sur
la base aérienne 116 toute proche. Aux
commandes, Jacky Carriquiriberry, pilote
instructeur et préposé à la FFA pour montrer le
Vélis sur les aérodromes de France. Comme le
démonstrateur l’explique lui-même, il a entamé
depuis longtemps « la tournée des popotes » pour
porter la bonne parole et expliquer aux
aéroclubs les bienfaits du vol décarboné. Après
plus de 10 démonstrations en vol par jour durant
les championnats du monde de voltige, le Vélis a
poursuivi son périple avec un passage dans les
clubs de la région Occitanie et Paca. Il est
depuis quelques semaines en vol dans le grand
Est. L’autonomie de l’appareil étant d’une
soixantaine de minutes pour l’instant, c’est par
petits vols de moins de 40 nautiques que
l’appareil se déplace. Un véhicule équipé d’un
chargeur se déplace aux étapes pour suppléer les
aérodromes qui ne sont pas équipés
d’installation électrique aux normes pour aider
à la recharge.
Jacky Carriquiriberry,
démonstrateur Vélis pour la FF Aéronautique,
devant la tour LFQW. L’avion existait en mode thermique, et Pipistrel (acheté par l’américain TEXTRON dernièrement) a décidé d’en produire un modèle électrique pour l’aviation école ab-initio. Entre autres formations séduites par le concept, l’armée norvégienne en possède deux exemplaires, ce qui a permis au premiers prototypes de comprendre les difficultés de recharge des batteries par temps très froid. Des clubs Californiens ont eux aussi testé les conditions de vol et de recharge par temps très chaud, et un utopique Australien a réussi la traversé de son île gigantesque grâce à la motion électrique du Vélis, suivi quand même par un camion chargeur thermique qui l’attendait tous les 50 kilomètres. Preuves à l’appui, malgré quelques difficultés de logistique, cela vole ! Maintenant le prototype a évolué, les batteries aussi, et le moteur allégé produit 57,6 KW. Affichant une envergure de 10.7 mètres pour 6.47m de long, Vélis électro pèse 428 kg à vide avec batteries et son poids maxi au décollage ne dépassera pas 600 kg. Il reste 172 kg de charge utile pour deux passagers et un bagage. A pleine charge, la vitesse de croisière affichée est de 90 kt à 35 KW pour une VNE à108 kt. Des performances acceptables si on ne critique pas son autonomie.
Jacques, chef pilote,
accueille le Vélis à Vesoul. La formule séduit de plus en plus. L’ENAC (Ecole Nationale de l’aviation civile) a transformé ses cursus de formation pour que les pilotes démarrent leur formation de 0 à 10 heures en avion Vélis électrique. La fédération Française Aéronautique en a acheté 6 exemplaires et continue les démonstrations aux aéroclubs. L’avion sera d’ailleurs présent cette année pour l’édition du salon du Bourget en démonstration sol et en vol. Assis bien calé dans les sièges, position presque allongée, on remarque vite que le concepteur est assurément un ancien vélivole. On trouve au bas de la console centrale 4 commutateurs à basculer dans un ordre précis, et l’appareil est prêt à voler. Manette de puissance à 0, le moteur est coupé, ainsi on ne gaspille pas d’électrons dans les phases d’attente au sol ou lors de débriefing avec l’instructeur par exemple. Il y a un GPS Garmin pour l’aide à la nav’, et la disposition des cadrans numériques est très bien pensée pour un suivi exact de tous les paramètres de vol. Un altimètre de grande taille nous ramène au temps des aiguilles, mais c’est vraiment un tableau de bord très moderne qui fait face au pilote. Les flancs des sièges et de la console sont en carbone vernis apparent, preuve que la chasse aux kilos est réfléchie partout dans le cockpit. Le silence est surprenant quand on est au roulage. Vu de l’extérieur, le vrombissement léger n’est pas sans rappeler celui de nos DA 20, un appareil déjà silencieux pour qui l’hélice produit d’ailleurs plus de bruit que le moteur, comme beaucoup d’autres avions.
A gauche : La planche de
bord, avec Garmin et les instruments de suivi
moteur électrique au premier plan. A droite : Vue sur la
batterie arrière, située derrière le siège
pilote. Jacky, sympathique instructeur et intarissable en anecdotes électriques ou pas, explique qu’il n’hésite jamais à utiliser la pente d’une piste ou d’une bretelle de parking pour couper le moteur et veiller à conserver de l’autonomie. On réduit souvent, on économise le plus possible et le suivi des régimes en pourcentage en vol doit être stricte. Fini le réglage mixture à l’oreille à quelques dizaines de pied près comme sur de vieux avions thermiques, à bord, c’est un suivi précis de la consommation obligatoire. On doit garder du potentiel puissance moteur à la verticale du terrain, les KW économisés au sol et le bon suivi des régimes sont des minutes de plaisir en l’air et de la sécurité en plus. Les pilotes qui rencontrent l’avion sont parfois bluffés, parfois sceptiques, mais il faut reconnaitre que la machine est belle même s’il est important de garder à l’esprit que le futur de l’aviation commerciale n’est sûrement pas dans cette voie (le poids des batteries, c’est un kilo pour une minute d’autonomie avec la technologie actuelle). En revanche, pour loguer les tours de piste incessants pour élèves débutants, dans des zones où plusieurs écoles se partagent le terrain, l’avion élec est une vraie solution possible. Là où les riverains sont sensibles au bruit ou protestent déjà contre la présence d’un aérodrome, et bien c’est là encore que Vélis pourra faire les preuves que la motion décarbonée et en silence à de beaux jours devant elle. Jacky Carriquiriberry, démonstrateur Vélis pour la FF Aéronautique, devant la tour LFQW. La planche de bord, avec Garmin et les instruments de suivi moteur électrique au premier plan. Jacques, chef pilote, accueille le Vélis à Vesoul. Vue sur la batterie arrière, située derrière le siège pilote. Terminons par une citation de Georges Bernard Shaw, « Le progrès est impossible sans changement et ceux qui ne peuvent changer leur esprit ne peuvent absolument rien changer ! ». Dans l’aéronautique, les esprits sont depuis longtemps en train de réfléchir au futur, et Vélis restera le précurseur d’une autre facette de l’aviation de demain. Nous avons eu la chance d’en avoir vu atterrir un sur notre terrain, en attendant le prochain ! |