Aéroclub de la Haute-Saône


Aérodrome du Sabot

2500 Route de l'aérodrome - 70000 FROTEY-LES-VESOUL

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23/06/2021 - Un retour aux sources.

Certains s’organisent pendant leurs vols pour passer à la verticale de leur maison d’enfance, d’autres passeront vertical un évènement pour saluer les organisateurs ou le public présent, et puis certains feront de ce vol un retour aux sources de l’émotion et viendront survoler l’aéroclub ou la piste en herbe de l’enfance, cet endroit où souvent, pour eux, tout a commencé….. 

Récit imaginaire qui aurait pu exister dans la tête d’un des pilotes de passage…….

Aérodrome de COLMAR, 10h45…    « J’arrive sur le parking noir de monde, et déjà mon mécanicien attitré m’aperçois et commence à demander au public de rejoindre le bord de piste pour se mettre en sécurité derrière les barrières. On vient de briefer le vol avec le leader et on a répété la musique devant un parterre de gamins silencieux et ébahis de voir le temps d’une visite les coulisses de la fameuse Patrouille de France. Je n’ai pas eu la chance de cette expérience à leur âge, mais la « PAF », on allait la voir à chaque fois avec mon père quand elle passait dans ma région. Si je m’apprête à monter dans un alpha-jet bleu blanc rouge à l’instant, c’est qu’après tant d’années de travail pour devenir pilote de chasse, j’ai la chance aujourd’hui d’être un ambassadeur de l’Armée de l’Air. A voir le public énorme et la ferveur des passionnés à chacune de nos prestations, je me dis que la tâche est grande, et les attentes énormes pour tous les collégiens et lycéens qui me regardent m’équiper à coté de mon avion. Mise en route, dernier salut à mon ange gardien qui me guide pour quitter le parking, et je suis de près mon équipier qui roule devant moi pour le décollage à 4 qui signe le début du show. Mais ce matin, pas de présentation en entier à faire devant le public, on décolle, on fait un passage vertical Colmar, avec panache bleu-blanc-rouge qui nous caractérise si bien, et que l’on trace depuis longtemps aux 4 coins du monde. Ensuite, vertical la base aérienne de Luxeuil, toute proche, pour annoncer notre venue aux journées portes-ouvertes de septembre, si Covid nous laisse un peu tranquilles. Et ensuite, virage à gauche en formation diamant et passage à la verticale d’un aéroclub voisin, celui de Vesoul.

Je ne suis pas du coin du tout, mais je connais la région vue du ciel, et en s’approchant de cette piste posée sur un plateau, j’aperçois la ligne des hangars. Je mesure mon parcours depuis que mon papa m’avait emmené voir son ami de toujours qui volait dans l’aéroclub de ma région. Je reste concentré à 100% sur le vol, et les ordres du leader s’enchainent. « Attention pour les fumigènes, TOP ! »  Je suis en place, mes deux équipiers les plus proches en vue, tous à bonne distance et la patrouille à bonne altitude, et c’est parti pour 15 secondes de volutes tricolores juste à la verticale LFQW. Il y a quelques spectateurs, je les ai aperçus sur le parking malgré la vitesse…De belles photos pour eux et des souvenirs à partager pour les abonnés de ce club. Il y a un mécanicien de ma patrouille qui est membre de ce petit bout de patrimoine aéronautique que l’on vient de survoler, j’imagine qu’il a dû prévenir tout le monde de notre passage, et que pour notre présence ici, ce jeudi matin, il doit peut-être y être aussi un peu pour quelque chose.

On s’est posé sur une autre base de France, et au roulage, les souvenirs refont surface pendant la longue remontée du taxiway. Le grand moment de la visite du hangar de ce club quand j’étais môme me revient. Les odeurs d’essence se mêlaient au doux ronronnement du Jodel qui passait devant nous. On m’avait mis assis dans le cockpit d’un petit avion, je ne voyais pas le capot mais les cadrans face à moi me fascinaient. Et puis l’ami prononça la phrase magique : « Tu veux venir faire un tour ? ». Le temps nous manquait mais mon père avait promis que l’on reviendrait, et il a tenu promesse. Formidables souvenirs de cette sensation de liberté et de pouvoir pour la première fois voir le bas d’en haut, comme ils disaient au bar de l’aéroclub. « Tu verras, cela va te plaire ! » Si les membres présents le jour de mon baptême de l’air savaient combien j’en ai rêvé de faire plus et que maintenant je vais à leur rencontre, sanglé dans un chasseur, tête en bas et panache rouge derrière mon avion, traçant chaque week-end notre drapeau géant dans le ciel. Que de chemin parcouru, initié par cette visite dans un aéroclub tout gamin…Lâché avion, premier solo, le bac d’eau fraiche pour fêter cela et déjà le PPL à bosser…Puis avec l’aide de mes instructeurs, l’obtention du graal, et après j’ai tenté ma chance aux concours civils et militaire.

Des périodes de doutes ont parsemé ma formation, mais je n’ai pas regretté d’avoir choisi l’armée de l’air pour devenir un autre, encore meilleur.  Une fois pilote de chasse confirmé, j’ai eu l’envie de rendre ces heures au centuple, cette carrière me fera moi aussi enseigner le vol aux jeunes recrues de l’école de chasse. Cette vie de passion, comme un feu qui vous dévore, est allumée par une seule étincelle, celle que l’on m’a mis dans les yeux à ma première visite en aéroclub… »

 

Ces quelques lignes ne sont qu’un exercice d’écriture, un mélange de multiples témoignages entendus au bar du club, en meeting parmi les spectateurs ou dans des salles d’opérations bourdonnantes.

C’est ainsi que quelques jours plus tard, un avion de type Hercule est venu lui aussi survoler notre plateforme pour saluer à la radio d’une voix émue les personnes présentes au club…Un ancien élève de l’aéroclub devenu pilote de transport pour l’AA qui lui aussi est revenu aux sources…

Pas de pilote sans passion, pas de passion sans club, pas de clubs sans nous, sans vous, sans la volonté des autorités, fédérations ou autres milliers de bénévoles, qui partout en France, à l’ombre des manches à air et en retrait des battages médiatiques, œuvrent chaque jour pour qu’une étincelle s’allume dans les yeux d’un enfant. 

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