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Aéroclub de la Haute-Saône
2500
Route de l'aérodrome - 70000 FROTEY-LES-VESOUL
09.61.37.53.85 aeroclub70@wanadoo.fr |
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Certains s’organisent pendant leurs vols pour
passer à la verticale de leur maison d’enfance,
d’autres passeront vertical un évènement pour
saluer les organisateurs ou le public présent,
et puis certains feront de ce vol un retour aux
sources de l’émotion et viendront survoler
l’aéroclub ou la piste en herbe de l’enfance,
cet endroit où souvent, pour eux, tout a
commencé…..
Récit imaginaire qui aurait pu exister dans la
tête d’un des pilotes de passage…….
Aérodrome de COLMAR, 10h45…
« J’arrive sur le parking noir
de monde, et déjà mon mécanicien attitré
m’aperçois et commence à demander au public de
rejoindre le bord de piste pour se mettre en
sécurité derrière les barrières. On vient de
briefer le vol avec le leader et on a répété la
musique devant un parterre de gamins silencieux
et ébahis de voir le temps d’une visite les
coulisses de la fameuse Patrouille de France. Je
n’ai pas eu la chance de cette expérience à leur
âge, mais la « PAF », on allait la voir à chaque
fois avec mon père quand elle passait dans ma
région. Si je m’apprête à monter dans un
alpha-jet bleu blanc rouge à l’instant, c’est
qu’après tant d’années de travail pour devenir
pilote de chasse, j’ai la chance aujourd’hui
d’être un ambassadeur de l’Armée de l’Air. A
voir le public énorme et la ferveur des
passionnés à chacune de nos prestations, je me
dis que la tâche est grande, et les attentes
énormes pour tous les collégiens et lycéens qui
me regardent m’équiper à coté de mon avion. Mise
en route, dernier salut à mon ange gardien qui
me guide pour quitter le parking, et je suis de
près mon équipier qui roule devant moi pour le
décollage à 4 qui signe le début du show. Mais
ce matin, pas de présentation en entier à faire
devant le public, on décolle, on fait un passage
vertical Colmar, avec panache bleu-blanc-rouge
qui nous caractérise si bien, et que l’on trace
depuis longtemps aux 4 coins du monde. Ensuite,
vertical la base aérienne de Luxeuil, toute
proche, pour annoncer notre venue aux journées
portes-ouvertes de septembre, si Covid nous
laisse un peu tranquilles. Et ensuite, virage à
gauche en formation diamant et passage à la
verticale d’un aéroclub voisin, celui de Vesoul.
Je ne suis pas du coin du tout, mais je connais
la région vue du ciel, et en s’approchant de
cette piste posée sur un plateau, j’aperçois la
ligne des hangars. Je mesure mon parcours depuis
que mon papa m’avait emmené voir son ami de
toujours qui volait dans l’aéroclub de ma
région. Je reste concentré à 100% sur le vol, et
les ordres du leader s’enchainent. « Attention
pour les fumigènes, TOP ! »
Je suis en place, mes deux équipiers les
plus proches en vue, tous à bonne distance et la
patrouille à bonne altitude, et c’est parti pour
15 secondes de volutes tricolores juste à la
verticale LFQW. Il y a quelques spectateurs, je
les ai aperçus sur le parking malgré la
vitesse…De belles photos pour eux et des
souvenirs à partager pour les abonnés de ce
club. Il y a un mécanicien de ma patrouille qui
est membre de ce petit bout de patrimoine
aéronautique que l’on vient de survoler,
j’imagine qu’il a dû prévenir tout le monde de
notre passage, et que pour notre présence ici,
ce jeudi matin, il doit peut-être y être aussi
un peu pour quelque chose.
On s’est posé sur une autre base de France, et
au roulage, les souvenirs refont surface pendant
la longue remontée du taxiway. Le grand moment
de la visite du hangar de ce club quand j’étais
môme me revient. Les odeurs d’essence se
mêlaient au doux ronronnement du Jodel qui
passait devant nous. On m’avait mis assis dans
le cockpit d’un petit avion, je ne voyais pas le
capot mais les cadrans face à moi me
fascinaient. Et puis l’ami prononça la phrase
magique : « Tu veux venir faire un tour ? ». Le
temps nous manquait mais mon père avait promis
que l’on reviendrait, et il a tenu promesse.
Formidables souvenirs de cette sensation de
liberté et de pouvoir pour la première fois voir
le bas d’en haut, comme ils disaient au bar de
l’aéroclub. « Tu verras, cela va te plaire ! »
Si les membres présents le jour de mon baptême
de l’air savaient combien j’en ai rêvé de faire
plus et que maintenant je vais à leur rencontre,
sanglé dans un chasseur, tête en bas et panache
rouge derrière mon avion, traçant chaque
week-end notre drapeau géant dans le ciel. Que
de chemin parcouru, initié par cette visite dans
un aéroclub tout gamin…Lâché avion, premier
solo, le bac d’eau fraiche pour fêter cela et
déjà le PPL à bosser…Puis avec l’aide de mes
instructeurs, l’obtention du graal, et après
j’ai tenté ma chance aux concours civils et
militaire.
Des périodes de doutes ont parsemé ma formation,
mais je n’ai pas regretté d’avoir choisi l’armée
de l’air pour devenir un autre, encore meilleur.
Une fois
pilote de chasse confirmé, j’ai eu l’envie de
rendre ces heures au centuple, cette carrière me
fera moi aussi enseigner le vol aux jeunes
recrues de l’école de chasse. Cette vie de
passion, comme un feu qui vous dévore, est
allumée par une seule étincelle, celle que l’on
m’a mis dans les yeux à ma première visite en
aéroclub… »
Ces quelques lignes ne sont qu’un exercice
d’écriture, un mélange de multiples témoignages
entendus au bar du club, en meeting parmi les
spectateurs ou dans des salles d’opérations
bourdonnantes.
C’est ainsi que quelques jours plus tard, un
avion de type Hercule est venu lui aussi
survoler notre plateforme pour saluer à la radio
d’une voix émue les personnes présentes au
club…Un ancien élève de l’aéroclub devenu pilote
de transport pour l’AA qui lui aussi est revenu
aux sources… Pas de pilote sans passion, pas de passion sans club, pas de clubs sans nous, sans vous, sans la volonté des autorités, fédérations ou autres milliers de bénévoles, qui partout en France, à l’ombre des manches à air et en retrait des battages médiatiques, œuvrent chaque jour pour qu’une étincelle s’allume dans les yeux d’un enfant. |