Aéroclub de la Haute-Saône


Aérodrome du Sabot

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10/12/2020 - Un éternel recommencement.

Emotions possibles ressenties par un pilote , un matin de Novembre, quelque part en France…

« C’est pour moi comme une matinée toute particulière à cause des évènements... Beaucoup de monde entoure mon avion ce matin, effervescence pas ordinaire pour ce vol qui n’en est en fait qu’un de plus pour moi . Je ne peux dire la même chose de mon passager du jour, qui sera dans le brouillard…la météo en plus n’est pas terrible, froid et brume sont attendus tout le long de ce trajet banal devenu aujourd’hui si important pour tous.

Je dois rester concentré, penser à l’essentiel, faire une inspection appliquée de mon avion… le carburant sera suffisant pour aller et revenir de cette destination qui va contribuer je l’espère, à changer un peu le destin de cette histoire tragique que nous traversons... Un petit vol que j’assure pour apporter une petite pierre dans l’édifice…

Je tourne autour de mon avion et dois même bousculer des gens pour me frayer un passage et terminer correctement le tour, comme un bon commandant de bord. Tout sera fait comme il le faut, je n’ai plus qu’a me concentrer sur la mission… me mettre dans ma bulle, répéter mentalement ma navigation, et assurer ma mission, ce pourquoi je suis là ce matin en ce froid matin d’automne…

Et puis voilà, mon précieux chargement est en place, mon passager aussi, je ne dois pas y penser, mais ces quelques minutes dans le ciel vont changer une vie, et demain tellement d’autres… »

Le 11 novembre 1918 à 5 h 15 du matin, les différents états-majors apposent leurs signatures sur la convention d’armistice qui met fin aux hostilités. À l’aube, un Breguet 14 est sorti de son hangar malgré la brume. Vers 7h30 du matin, une voiture se présente. En sort le Hauptmann Hermann von Geyer, porteur du texte de la convention d’armistice. C’est le lieutenant Gustave Minier qui va lui servir de pilote. Décollage de Tergnier dans l’Aisne, direction l’état-major de Spa en Belgique. Von Geyer adresse des mots de remerciements aux officiers qui l’ont accompagné puis s’assoit à l’arrière du fuselage à la place de l’observateur avec les précieux documents. Ils seront l’équipage du Breguet 14 de l’Armistice.

Paysage d’automne et de brume vu d’avion .

Le 5 novembre 2020 à 8h30 du matin, les médecins ont signé les documents nécessaires pour le transfert d’un patient . Les hôpitaux de Lyon sont en surcharge, le malade part pour le CHU de Nancy. A l’aube, un Piaggio 180 est sorti de son hangar. Vers 8h00, l’ambulance arrive sur le tarmac de Lyon-Bron. En sort une victime anonyme de la pandémie COVID-19. Un pilote professionnel, formé tout jeune en aéroclub, et un copilote du même cursus sera assis à ses côtés. Derrière eux, un urgentiste veillera sur leur précieux passager. Ils seront l’équipage du Piaggio 180 désigné pour l’évacuation sanitaire du jour .

Même ressenti pour chacun des pilotes, 100 ans d’écart mais l’importance de la mission sera assurée par les airs, et l’implication des aviateurs au service de la population est intacte.

102 années après exactement, les évènements sont très différents, et on ne doit pas classer les crises ou les guerres par ordre de grandeur ou d’importance, les victimes restent des victimes, absents pour toujours de nos vies futures.

Un matin, dans un hangar d’aérodrome, il y a plus de 100 ans à Tergnier comme il y a quelques jours à l’aéroport de Lyon,  le savoir-faire d’un pilote va servir à tous. Les évènements qui surgissent nous rappellent que l’histoire est toujours un éternel recommencement, malheureusement…

Membres du club et vos familles, prenez soin de vous, et à bientôt sur l’aéroclub de LFQW.                                                                                                                               

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